Les 30 ans des Fermes de Marie

1989 - 2019. 30 ans que l'histoire des Fermes de Marie se perpétue s'imposant comme un des monuments du paysage Megevan.

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La Belle Histoire des Fermes de Marie


Lieu rare et unique, les Fermes de Marie, qui célèbrent cette année leurs 30 ans, continuent d’incarner l’art de vivre en montagne. Conjuguant à merveille le charme de l’ancien, la simplicité, l’élégance et le raffinement, elles restent une adresse à part où il fait bon venir et revenir. Plus qu’un lieu, elles sont aussi le fruit d’une belle histoire, celle de Jean-Louis et Jocelyne Sibuet…

Il était une fois....

Il y a un peu plus de 30 ans, Jean-Louis Sibuet imagine recréer un petit village en réutilisant des matériaux anciens.« Je voulais faire quelque chose qui ait une âme, quelque chose qui n’existait pas à l’époque », confie-t-il. Au début des années 80, en 1984,il commence alors à démonter des fermes. « Quand j’ai commencé à essayer de récupérer du vieux bois, j’ai cherché des vieilles fermes où il y avait eu des glissements de terrain, où la foudre avait frappé… J’en ai démonté une puis deux… » Rapidement, tous les gens alentour sont au courant. Jean-Louis Sibuet parcourt ainsi les deux Savoie tous les week-ends, chinant avec Jocelyne mais aussi récupérant des meubles anciens, quantité de vieilles pierres et des clous par kilos.

En cinq ans, il retape quelque 2 000 meubles. « On m’a pris un moment pour un fou », se souvient-il amusé. Il stocke alors tout sur un terrain à Flumet et récupère un atelier de menuiserie avec du matériel ancien. Passionné, il découpe, retape et stocke tout le mobilier en bois, au point d’entasser des armoires sur trois niveaux ! « J’ai au moins démonté dix fois toutes ces pièces qui sont passées dans mes mains avant de les replacer. » 

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Une histoire d’hommes

La première grande phase des Fermes de Marie est donc la récupération de matériaux anciens. De 1983 à 1988, Jean-Louis démonte avec ses « gars » qui, profitant de l’intersaison (ces derniers étant moniteurs de ski, guides de montagne) viennent travailler à ses côtés. Au fil des jours et des ans, les liens d’amitié se tissent dans l’équipe autour du travail… et d’un verre d’eau-de-vie. « Aujourd’hui, ce serait impossible de refaire ça, ce n’était pas une question d’argent, c’était une histoire d’hommes. » Car Jean-Louis et Jocelyne se lancent dans ce projet à cœur perdu. Comme le confie Jocelyne : « Nous avons toujours fait des choses qui nous plaisaient, sans projet marketing ni études. Nous avons la chance d’être une famille et nous voulons avant tout nous faire plaisir dans notre métier. » Aussi, en 1988, après avoir démonté des dizaines de fermes, Jean-Louis commence à réfléchir à ce qu’il pourrait en faire… À l’aide d’un cahier à petits carreaux, il prend ses notes et commence à faire des maquettes en carton tout en se mettant à chercher un terrain, qu’il n’a toujours pas…

« J’ai trouvé ce terrain que j’ai négocié pendant un an à un paysan qui ne voulait le céder qu’à certaines conditions. » Heureusement, ils finissent par trouver un accord. Et là, tout s’enchaîne très vite. Avec un ami architecte, il travaille d’après les plans de sa maquette et commence à dessiner le projet. « À cette époque-là, l’hôtellerie se contentait d’empiler des chambres pour loger des gens, mais il n’y avait pas d’art de vivre. » Les Sibuet décident, eux, de prendre le contre-pied de ce qui se fait alors, comme lorsqu’ils imaginent des chambres de plus 30 mètres carrés avec une grande salle de bains, même si cela paraît normal aujourd’hui.

Un projet fou

C’est en 1989 que débute la construction des Fermes de Marie. D’ailleurs, l’essentiel des Fermes sera conçu en seulement neuf mois, celles-ci ouvrant en décembre de cette année-là. « J’avais trouvé un maçon qui était passionné. La semaine, il montait les murs. Le week-end, je coffrais puis il coulait les dalles. » En clair, Jean-Louis Sibuet travaille jour et nuit, sur la structure la journée puis le soir parant les murs de pierres… avant parfois de rejoindre Jocelyne qui s’attelle, elle, au mobilier, qu’elle chine mais aussi conçoit, comme ses lampes de chevet.

En neuf mois donc, avec une cinquantaine de personnes, l’essentiel des Fermes est conçu. Plus précisément, une trentaine de chambres, dont deux suites, le chalet que la famille habite alors avec ses deux enfants, Nicolas et Marie (et devenu la suite 101 et 102), le restaurant ainsi que la structure du futur spa, y compris le sous-terrain, et même la piscine.« On avait l’impression que c’était fini alors que c’était le début. Cela me paraissait immense… Je me suis même demandé ce que j’avais fait, si ce n’était pas démesuré… » D’autant que le couple s’est engagé dans ce projet fou – récréer un authentique hameau de montagne – sans avoir validé son financement. « Tout était construit, poursuit Jean-Louis, mais je ne pouvais le payer ! Le banquier m’a dit que l’on ne pouvait pas faire comme ça ! C’était cocasse. » Aussi, à une époque où Megève a perdu de son lustre d’antan et n’est plus en vogue, Jean-Louis Sibuet va voir une vingtaine de banquiers, jusqu’à trouver celui qui comprenne son idée et donne suite au projet.

« Je n’étais pas inconscient mais insouciant ». À l’été 1990, la piscine intérieure et le spa sont achevés. Les abords, eux, semblent être là depuis toujours.

Imaginer l’art de vivre en montagne


Dans ce lieu rare, Jean-Louis et Jocelyne Sibuet ont insufflé une âme, et un véritable art de vivre à l’hôtellerie, chose qui n’existait pas jusque-là. Ils avaient déjà posé les jalons avec leur premier hôtel Au Coin du Feu, petit bijou qu’ils ont entièrement repensé. Inspirées et inspirantes, les Fermes, elles, ne souffrent pas le passage du temps et des modes.« Les Fermes de Marie ont été faites avec une âme et une volonté ; l’argent ne fait pas cela », conclut Jean-Louis. Un projet réalisé avec un engagement total : financier, humain, familial. D’ailleurs, les clients en quête d’authenticité ne s’y sont pas trompés. Des fidèles qui reviennent au fil des générations.

Et ça tombe bien, les Fermes ayant été pensées dans cet esprit-là.« Nous avons toujours voulu que les Fermes de Marie soit un hôtel familial pour la famille, tenu par une famille », explique Jocelyne Sibuet, comme les gens qu’elle salue et qui viennent ici depuis trente avec leurs enfants et petits-enfants. Car les Fermes de Marie, pour reprendre ses mots, ont un « esprit de pension de famille de luxe ». Un endroit haut de gamme, hors du commun et surtout pas show off.

Bref, un lieu emblématique de la patte Sibuet et bien sûr de l’art de vivre en montagne, où la tradition, la simplicité et l’authenticité vont de pair avec l’élégance et le raffinement, travaillés dans les moindres détails. Et dont le succès ne se dément pas… Une vraie belle histoire.